« En 1836, le Creusot fut racheté par Adolphe
et Eugène Schneider, le maître de forges Boigues et le banquier Seillière. Les
Schneider avaient commencé leur carrière à la banque Seillière, puis Eugène
avait acquis une expérience sidérurgique en suivant les cours du Conservatoire
des arts et métiers et en dirigeant les forges de Bazeilles appartenant à de
Neuflize dont il épousa la petite fille. Quand à Adolphe, il se maria avec la
belle-fille de Boigues. Ces appuis familiaux et professionnels leur donnaient
une solide assise financière lorsqu’ils reprirent le Creusot (…). L’entreprise
allait profiter de la conjoncture heureuse pour la sidérurgie que devait
provoquer la construction des chemins de fer, des bateaux en fer, des
charpentes métalliques … (…)
Sous le Second Empire, Eugène Schneider fit du
Creusot une usine gigantesque, tout en étendant son pouvoir au monde des
affaires, de la finance et de la politique. Vice–président du corps législatif
à partir de 1852, il accéda à la présidence en 1867. Il était lié avec Paulin Talabot,
le maître du PLM (…) Il siégeait au
Conseil d’administration du PLM et de la Société générale ; il était
régent de la Banque de France. Sa prééminence était incontestée chez les
maîtres de forges qu’il regroupa en 1864 en un organisme de défense des
intérêts de la profession, le Comité des forges. Car le poids économique du Creusot était considérable. À la fin de
l’Empire, il produisait plus de 130 000 tonnes de fonte presque autant de
fer, plus de 100 locomotives par an. (…) Après la guerre, sur les instances du
gouvernement, Schneider se tourna vers la fabrication de canons en acier, à
l’instar de Krupp. (…)
Eugène Schneider était un
« fondateur » : issu de la bonne bourgeoisie, il devint un des
hommes les plus puissants de l’économie, non seulement par ses capacités, mais
aussi par ses liens familiaux et par l’appui de la banque Seillière. Après sa
mort en 1875, la dynastie familiale se perpétua avec son fils Henri
(1841-1898), son petit-fils Eugène (1868-1942) et son arrière petit-fils
Charles (1898-1960) dernier du nom. »Le Creusot et Eugène Schneider (1805-1875), pages 221-222, in Patrick Verley, La Révolution industrielle, Paris, 1997, 541 pages, Gallimard,
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